samedi 26 mars 2011

Un argument est plus qu’un énoncé!

Il arrive que des motions nous fassent réagir alors que d'autres nous rendent indifférents, mais nous faisons tout de même face au même défi: comment apporter des arguments convaincants? Comment sait-on si nos propos consistent réellement en un argument et non simplement d’une idée intéressante que l’on tente de soulever?

Un argument, peu importe sa force de persuasion, est sensé répondre directement au «pourquoi» de la motion. C’est-à-dire qu’un argument a comme seul objectif de démonter ou de soutenir la motion en cause. Il sert à démontrer notre position. Il ne peut en aucun cas consister en une explication d’un plan d’action , d’un phénomène scientifique, d’un énoncé de faits historiques justifiant le statu quo ou de technicalités de la motion, etc... Ces énoncés peuvent se trouver ailleurs dans un discours, mais ne peuvent en soi constituer un argument.

Nous allons maintenant analyser quelques exemples d’arguments. Prenons la motion suivante: «Qu’il soit résolu que facebook ainsi que tout réseaux sociaux soient interdit au Canada».
  • 1. Le premier argument du gouvernement est le suivant: facebook est facile à interdire parce que le gouvernement a tous les moyens nécessaires pour empêcher l’accès à un site internet.
À première vu, l’énoncé n’est pas faux et il paraît logique. Par contre, répond-il au «pourquoi» de la motion? Pourquoi faut-il interdire facebook? Parce qu’il est facile à interdire? La facilité d’interdiction est une raison pour cesser les activités de facebook?
  • En fait, l’argument ne répond pas directement à la motion. La question demeure toujours la même, que ce soit facile à interdire ou non. En effet, compte tenu de la facilité du gouvernement de faire un plan d’action est-ce que facebook est fondamentalement bon ou mauvais? Le premier argument du gouvernement consistait plutôt en une idée qui répond aux complexités techniques de la motion sans même attaquer la raison d’être de la motion. Ceci étant dit, rien n’empêche le débatteur d’utiliser cet énoncé dans son discours soit dans l’introduction ou dans la conclusion, mais cet énoncé ne nous aide certainement pas à démontrer la raison pour laquelle facebook devrait être interdit au Canada.

  • 2. Le deuxième argument du gouvernement: facebook doit être interdit parce qu’il est accessible à tout le monde et donc il est facile de rejoindre une quantité importante de personnes.
Encore une fois l’énoncé est logique et vrai. Répond-il au pourquoi de la motion? Il faut interdire facebook parce qu’il est accessible à tous? Est-ce que le fait que ce soit accessible fait en sorte que facebook est mauvais? Bien évidemment, la réponse est non.
  • Il y a toujours un vide dans ledit argument présenté par le gouvernement : pourquoi est-ce que l’accessibilité de facebook devrait apporter son interdiction? Avec cet énoncé, on ne sait toujours pas si facebook est fondamentalement mauvais ou bien.

  • 3. Le dernier argument du gouvernement: facebook consiste en une perte de temps à l’école et au travail.
Encore, est-ce que le «pourquoi» de la motion est répondu? Facebook doit être interdit parce qu’il consiste en une perte de temps au détriment de la productivité à l’école et au travail.
  • Bien que cet énoncé soit réfutable, il est logique et répond directement à la motion. Le poids de l’argument n’est peut-être pas parmi les plus importants, mais il sert tout de même à nous démontrer que facebook est mauvais et nuit aux acteurs de la société canadienne. La motion est directement répondue et appuyée par cet argument.

En somme, l’art de l’argumentaire ne se résume pas seulement à des connaissances. En effet, un énoncé qui est vrai ne consiste pas nécessairement en un argument. Il faut un lien logique entre la motion et l’énoncé et ce lien doit expliquer la raison pour laquelle il faut accepter la motion. Un débatteur qui en une phrase répond directement à la motion aura beaucoup plus de facilité à convaincre un juge!

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