mercredi 1 juin 2011

La question, l'arme à double tranchant

La question est souvent un aspect sous estimé dans un débat. On oublie l’utilité multiple qu’elle peut avoir, au niveau du fond et de la forme. Mais la question est également une arme à double tranchant qui peut vite se retourner contre soi, autant quand on la pose que quand elle nous est dirigée.

Lorsqu’on pose une question…

On recommande aux débatteurs de poser au moins une question pendant un débat. Une question n’est jamais posée à son propre coéquipier, sinon à un membre du tandem adverse. Et contrairement au débat qui doit être adressé au président, une question peut être directement posée à la personne à qui elle est destinée.

Il ne doit pas s’agir d’une affirmation ou d’un commentaire, mais bien d’une question, invitant à une réponse. Et cette question doit être courte. Un juge pourra même vous demander de vous rasseoir si vous tardez trop.

La question peut avoir pour but l’éclaircissement d’un concept présenté par l’adversaire. Elle peut aussi être utilisée pour souligner une contradiction.

Pensez à la formulation de votre question avant de vous lever pour la poser. Une question «toute croche», qui ne va pas directement au but ou qui manque de clarté ne fera qu’augmenter la crédibilité de l’adversaire, même si ce qu’il dit est du pur non-sens.

On peut également se servir de l’utilisation répétitive de questions pour déstabiliser l’adversaire. On doit toutefois faire attention à l’abus, qui pourrait être vu par le juge comme de la mauvaise foi.

Lorsqu’on reçoit une question…

On recommande également aux débatteurs de répondre à au moins une question posée par le tandem adverse. Il ne s’agit pas là d’une obligation, mais cela démontre au juge que vous êtes réceptif à ce que votre argument et votre position soient confrontés. Et tout comme lorsqu’on pose une question, il n’est pas nécessaire de répondre par l’intermédiaire du président; on peut répondre directement à la personne qui a posé la question.

N’ayez pas peur de faire attendre la personne qui pose la question. Si vous êtes au beau milieu d’un argument, n’interrompez pas le fil de votre pensée; faites discrètement signe à l’adversaire de se rasseoir et prenez plutôt sa question lorsque l’élaboration de votre argument ou que votre idée est terminée. N’ayez pas peur non plus de carrément refuser une question si vous voyez qu’il vous reste peu de temps ou que cela pourrait altérer le rythme de votre intervention.

L’interrogation qui survient toujours lorsque surgit une question est bien sûr «Qu’est-ce que je vais dire si je ne sais pas quoi répondre?». S’il s’agit d’un thème que votre coéquipier abordera dans son intervention, n’hésitez pas à le mentionner. S’il s’agit d’un thème que vous-même abordez plus tard dans votre propre intervention, n’hésitez pas non plus à le mentionner (toutefois, n’oubliez pas d’y revenir!). Si vous ne savez pas quoi répondre, vous pouvez gagner du temps pour y penser en introduisant votre réponse par «il s’agit là en effet d’une question très pertinente qui est directement reliée avec l’aspect Y de l’argument du gouvernement/de l’opposition.» Évitez de répondre par des commentaires sans fond comme «cette question est ridicule», à moins que ce commentaire ne soit appuyé d’un pourquoi.

Si la personne qui pose une question est complètement à côté de la plaque, n’hésitez pas à le mentionner, toujours dans le respect.

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Tout comme les compétences d’un débatteur se développent avec la pratique, poser une question de façon efficace et précise, de même que d’y répondre de façon pertinente, s’apprend avec le temps. Et la question développe chez le débatteur des aptitudes non pas nécessairement oratoires, mais surtout stratégiques!

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